Va et ne te retourne pas !
- Eric
- 29 avr. 2015
- 7 min de lecture
le 05 octobre 2014
Vous savez, mes amis, que je partage tout avec vous, en toute sincérité, en toute humilité, alors pourquoi pas ceci…….
Je viens de vivre une semaine extraordinaire et j’ai très envie de vous en faire part.
Mon Papa est décédé ce mardi 30 septembre 2014 à 4 heures du matin des suites d’une maladie au nom barbare de « sclérose latérale amyotrophique ».
Cet homme était un roc, champion de boxe, aventurier qui nous a fait profiter de ses voyages et nous a fait découvrir le monde ainsi que des gens merveilleux. Il était capable de jurer une journée entière pour…..un rhume !
Il a cependant fait face à la maladie avec beaucoup de sagesse et de dignité. Il s’agit d’un mal qui ronge lentement, de manière évolutive, irréversible et pour lequel l’issue est indubitablement la mort ! Une dégénérescence musculaire qui conduit irrémédiablement à une insuffisance respiratoire après de longs mois ou années durant lesquels les membres s’atrophient comme tous les muscles du corps. Votre corps vous abandonne, mais jusqu‘à la dernière seconde le cerveau fonctionne parfaitement et vous rend conscient de la triste réalité, de la déchéance.
J’adorais mon père, c’était mon idole et je suis pour ainsi dire sa copie conforme. Nous étions très proches, seule la spiritualité nous séparait mais durant ces 8 mois de soins hospitaliers, je me suis rendu presque chaque jour à son chevet. Nous avons beaucoup parlé, nous nous sommes confiés des tas de « secrets » et au bout de quelques temps j’ai enfin pu aborder le thème de la maladie et ensuite de la mort. Il attendait de moi que je sois honnête et que je dise toute la vérité. Lors d’un après-midi ensoleillé, dans la cour de l’hôpital où il aimait fumer son cigare, il m’a demandé : « Dis-moi la vérité, quelles sont les étapes de cette maladie ? Que vais-je vivre ? ». Je lui ai répondu ceci : « Tu vas, petit à petit, perdre l’usage de tes membres, de la parole et ensuite tu devras faire face à l’insuffisance respiratoire qui mettra fin à ton existence…. » Dur n’est-ce pas ? Mais c’est ce qu’il voulait, que quelqu’un lui dise, les yeux dans les yeux, LA vérité, la vraie ! Ne pas mentir me disais-je ; surtout ne pas mentir ! Je me souviens de ces conversations et de l’émotion qui serrait ma gorge, je retenais mes larmes, mais il le fallait, je ne pouvais trahir sa confiance.
Il m’a ensuite demandé ce qui allait advenir de lui « après sa mort ». Cela m’a surpris car il était peu croyant, mais il ouvrait tout grand la porte et l’occasion était rêvée ! Je ne pouvais pas manquer ça et après avoir appelé mon Guide à l’aide, je lui ai dit ceci : « Tu es attendu et une main te sera tendue. Ce sera celle de ton Guide. Une fois que tu auras quitté ton corps, cherche cette main lumineuse, cherche la Lumière et écoute les conseils que te donnera ton Guide, il te conduira à ta destination. Surtout ne t’accroche pas, ne te retourne pas et rentre chez toi, là où on te rejoindra ».
Avec ce regard sérieux et profond qu’il avait dans les moments graves, il m’a remercié, les yeux un peu humides mais content de savoir, rassuré. Ensuite, quelques mois se sont écoulés durant lesquels de nombreux échanges ont eu lieu et durant lesquels nos conversations semblent avoir permis à mon père de se préparer. Il s’en est allé, le visage serein, détendu, en esquissant un léger sourire, il était beau !
Après lui avoir rendu visite le matin de son décès et passé la journée avec lui, je suis rentré à la maison et je me suis assis à table pour écrire. Comme chaque fois que j’écris, ma main le fait presque sans moi et les phrases se succédaient sur les pages jusqu’à ce qu’un fait particulier attire mon attention. Toutes les fins de phrases se terminaient par « A », absolument toutes et après avoir relu le texte, que j’avais l’intention de lui lire lors des funérailles, j’ai levé les yeux et il était là, devant moi. Une fois l’émotion (et non la surprise) passée, je lui ai demandé : « C’est toi qui m’inspires cela ? » Il m’a répondu : « Oui, c’est moi ». Ensuite, je lui ai demandé : « Mais pourquoi toutes ces phrases se terminent-elles par A ? », ce à quoi il a répondu : « Tu sais que j’aimais particulièrement cette note de musique ou cet accord…le FA (avec un sourire pour ce trait d’humour entre nous) ». Je lui ai demandé s’il souhaitait ajouter certaines choses et l’écriture a continué avec son aide.
Il m’a ensuite demandé ceci : « Tu crois que j’ai fait le bon choix au sujet de l’incinération ? », et j’ai répondu : « Oui, ne t’inquiète pas, d’une façon ou d’une autre notre Mère la terre te récupère. Laisse donc là ton enveloppe terrestre et poursuis ton chemin ». Il m’a dit : « Je vais bien, libéré de ce corps malade et trop lourd. Je suis bien accompagné et j’attends ». Ce à quoi j’ai ajouté : « Tu ne dois pas chercher à rester là, près de moi. Tu dois partir ». Il m’a demandé « Quand ? » et j’ai répondu « Vendredi », il a dit « D’accord » et j’étais soulagé qu’il accepte car dans ce « d’accord », il y avait une acceptation sincère.
Le lendemain, en voiture pour me rendre chez ma mère, il a dit : « Petit (c’était le petit nom qu’il me donnait), dis à maman et à ton frère que je les aime ».
Je sais qu’il a rendu visite à toute la famille. Corinne et mon fils aîné Simon l’ont entendu également et sa présence était fort ressentie.
Puis, est venu le jour des funérailles et croyez-moi si vous voulez, mais il était là, souriant à l’assemblée et me soutenant pour la lecture de l’hommage que je lui rendais. J’ai eu très peur que la peine m’empêche de parler, mais je me suis adressé à lui en faisant abstraction du reste du monde. Il n’y avait plus que lui me souriant et moi qui lui parlais avec mon cœur. Il m’a aidé à lire ce texte qu’il avait aimé et auquel il avait participé.
Il s’en est allé au moment de l’encensement et n’a pas suivi son corps au crématorium. J’ai eu le privilège de dire tout cela à ma mère au fur et à mesure que la journée s’écoulait, ce qui l’a beaucoup aidée et je peux vous dire que bien au-delà de l’émotion et de la peine, nous avons vécu en famille une journée « magnifique ». Les cœurs se sont illuminés dans la PAIX et dans l’ AMOUR. Cela peut paraître étrange, mais à la peine légitime de perdre un être cher se mêlait une joie profonde, une harmonie familiale exceptionnelle, un bonheur rare de le savoir « bien rentré à la maison ».
Je tiens à partager ce texte écrit avec lui après sa mort et vous dire combien il faut garder la foi, que ce passage, douloureux pour nous, est une délivrance et une joie pour celui qui s’en va s’il est aidé et guidé par votre Amour.
VA MON PETIT PAPA….
Mon p’tit Papa,
C’est très difficile pour moi d’être là devant toi…..et te parler une ultime fois, de cette façon-là avec tous ceux qui t’aiment, réunis ici autour de toi.
Oui, moi je sais que tu es encore là, et je sais au plus profond de moi où tu te rendras…………
Rejoindre ta famille là-haut, là-bas. Tu rentres chez toi, là où on te rejoindra.
Là où seul L’Amour EST,…..là où la douleur n’existe pas
J’ai envie de te dire aujourd’hui, tout ce que Patrick et moi avons appris avec toi
Tu nous en as fait vivre des choses, mais ce qu’on retiendra de toi pour le temps qui nous reste là,
C’est un peu ça……….
Je voulais transpirer comme toi, tu te souviens ? Quand j’étais petit je disais ça, je veux transpirer comme papa !
Tu étais mon idole, je voulais te ressembler et j’ai presque tout fait comme toi, la carrière, la musique….., et tout le reste un peu aussi, mais toi……..
Champion de boxe qui nous as fait rêver, aventurier qui nous en a fait profiter, largement, musicien, très bon musicien, un peu ours des montagnes parfois…..j’aimais t’appeler comme ça….grizzly
Tu nous as fait vivre sous des latitudes que tout le monde ne connaît pas,…..l’Afrique qui nous a beaucoup appris, beaucoup grandis et ta gentillesse avec mon frère et moi…… Tu as toujours été super sympa avec nous et nous te remercions pour ça.
Nous parlons souvent de toi et c’est fou mais il ne reste que les meilleurs souvenirs, le meilleur de ce qu’on a pu vivre avec toi. C’est un très beau résultat ! Tu peux être fier de toi !
Je sais que tu n’es pas loin de moi, là où le temps n’existe plus, n’existe pas ! Pour toi, en un claquement de doigts…..nous serons là, avec toi. Le temps de nous préparer la bonne table pour les retrouvailles et nous serons là.
Nous n’avons pas terminé notre expérience ici-bas mais très bientôt nous serons avec toi pour fêter ça et même tiens, on rigolera, on boira peut-être même…….on verra…….
Tu vas beaucoup nous manquer, mais comme le disais Patrick………Tu pars en « Grand Monsieur » ! Venant de lui……Alors là mon p’tit Papa,……..Chapeau Bas !
Nous-en avons discuté tous les deux à Fraiture près de chez moi, je t’avais dit que je serai là avec toi pour t’accompagner jusque-là……c’est dommage que je n’ai pas pu faire cela mais je sais que tu ne m’en veux pas et que tu m’aimes comme ça, comme je suis là devant toi…….
Je t’aime mon p’tit Papa pour la leçon Magistrale que tu nous as donné ces derniers mois
Patrick et moi, quand on parle de toi, on admire ton courage et ta foi en toi.
« Respect » mon p’tit Papa car cette leçon de fin de vie restera gravée en moi pour le reste de mes jours ici-bas. Je t’aime mon p’tit Papa (je continuerai à t’appeler comme ça quand on se parlera) et Patrick t’aime comme moi…..Maman t’a aimé, adoré même et bien au-delà…..et tous ceux qui sont là, je parle pour eux, je parle pour moi, sont venus te dire juste « au revoir » mon p’tit Papa.
Ah oui, à propos, si j’ai tenté de tout écrire en « A », c’est que je sais que tu aimes cette note ou cet accord dominant…..le FA !
Je t’aime mon p’tit Papa et je suis heureux d’avoir pu te dire tout cela une dernière fois.
VA, VA mon p’tit Papa, VA et ne te retourne pas ! Je t’avais dit que je te dirai ça quand il faudra……….. « Tourne ton regard vers la Lumière Divine et rejoins-là ……..
Bon voyage mon p’tit Papa
Eric
Commentaires